Je dis non au burnout du colibri !

En ce début d’année, je voulais partager avec vous une réflexion un peu plus personnelle. Une confession un peu honteuse… J’ai traversé ces derniers temps une période de saturation écologique.  Et je me rends compte que je suis loin d’être la seule… Entre mes discussions avec mon entourage, Coline qui nous avoue sa phase de ras-le-bol éthique dans sa vidéo YouTube, des articles sur l’éco-culpabilité, et un article tout frais de Mouvement Zéro sur le burnout du colibri… Finalement pourquoi sommes-nous si nombreux à ressentir cette envie de tout envoyer balader ?

La charge écologique

Je pense que la principale raison qui m’a conduit à en avoir marre de mes actions écologiques, c’est l’énergie qu’elles consument : jeter les épluchures dans le compost, trier minutieusement mes déchets, faire attention à la provenance de mes aliments, choisir des cosmétiques à la fois bio, zéro déchet, respectueux de l’environnement, faire mes produits d’entretien, etc. Tous ces petits gestes qui paraissent peu, sont en réalité, extrêmement fatiguants. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le terme de “charge écologique” a fait son apparition il y a peu, en écho à celui de “charge mentale”, une notion abordée dans la BD d’Emma. Un corolaire qui, à mon sens, est logique ; si ce sont généralement les femmes qui travaillent à réduire l’empreinte écologique d’un ménage, c’est parce que ce sont elles, qui, en majorité, prennent l’initiative des tâches ménagères. L’enquête “genre et emploi du temps” de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (2016) le rappelle : “avec 1 heure 57, les hommes consacrent une heure quart de moins que les femmes aux tâches ménagères (3 heures 17)”. Je n’ai pas pour volonté de faire ici un procès d’intention mais de rappeler que la charge mentale des femmes est une réalité.

La dessinatrice Emma, dans une interview du 5 juin 2019 pour France Inter, va plus loin et considère que ces “petites gestes du colibri” empêchent les femmes d’agir sur le terrain.

“Ce sont les femmes qui gèrent les courses, le ménage et les lessives. Donc elles vont essayer d’acheter du sans emballage, vérifier quels sont les bons endroits où faire les courses, elles vont penser aux produits locaux, s’occuper de trier entre telle ou telle poubelle, faire le ménage avec des produits fait maison. Donc toute la charge mentale, le fait de choisir et de réfléchir à comment faire, c’est principalement les femmes qui vont le faire.” 

(…)

“Au final, demander aux femmes de penser aux sacs réutilisables, aux bocaux, etc. cela devient une activité à plus que plein temps, complètement épuisante et qui prive les femmes de temps pour un engagement sur le terrain. C’est du temps qu’elles n’ont pas.

Si ce point de vue militant est extrêmement intéressant, – et je vous invite à lire l’excellent article de Mouvement Zéro pour un engagement politique, ce n’est pas vraiment ce qui me pèse au quotidien. C’est plutôt cette obligation morale que je m’impose depuis des années, celle de “bien faire”.

Et  pire, peu à peu, un sentiment m’est apparu, une pensée obscure et tenace, une petite voix dans ma tête qui me répète “de toute façon mes petits gestes ne servent à rien”.

L’éco-culpabilité

Mais oui finalement, à quoi ça me sert d’avoir un compost et d’acheter mes œufs à la ferme alors qu’à l’autre bout de la planète, des incendies forestiers meurtrissent la faune et la flore ? Autant se l’avouer, rester positif dans ce monde relève du parcours du combattant.

C’est ce qu’on appelle l’éco-culpabilité, ou solastalgie, un concept mis en avant par le philosophe G. Albrecht. Il s’agit d’un double sentiment d’anxiété et de culpabilité causé par une sensation d’impuissance et d’urgence face à la dégradation de l’environnement.  L’article de The Society du 26 juin 2019 aborde merveilleusement bien ce sujet.

Je me suis retrouvée à un moment donné prise au piège de ces pensées. Celles, insidieuses et sournoises, qui me répétaient que mes gestes écoresponsables ne servaient à rien et celles culpabilisantes, qui me maudissaient lorsque l’un de mes actes sortait du canevas de mon éthique personnelle.

Coincée entre un idéal éthique et une réalité peu reluisante, comment ne pas sombrer dans la déprime ?

Et c’est le risque finalement, de tomber dans un épuisement, que d’aucuns nomment joliment “le burnout du colibri“. Une quête d’écoperfection qui peut entrainer une colère, une tristesse et une fatigue extrême.

Quelles réponses face à cela ? Outre nos actions individuelles, il semble important d’entrer en action, de se regrouper en association, en groupe d’action locale, car “ensemble, on est plus fort”. Mais aussi, selon moi, il est fondamental de trouver un équilibre.

Trouver un équilibre

C’est finalement une discussion avec mon pragmatique cher et tendre qui m’a permis de sortir du creux de la vague. L’important, avant tout, c’est de trouver un équilibre, en composant avec notre réalité financière, les moyens mis à notre disposition, notre énergie et nos envies. Le colibri parfait n’existe pas…

Alors si vous aussi vous êtes parfois fatigué.e de votre écoresponsabilité, rappelez-vous que l’essentiel est de trouver une façon de vivre qui vous correspond, sans vous épuiser ni avoir l’impression de vendre votre âme au diable. Les questionnements, les remises en question, les ras-le-bol, font partie de tout cheminement personnel.

Depuis, je retrouve doucement la foi, en étant convaincue que tout geste positif est bon à prendre. Je reste persuadée que nous jouons un rôle important en tant que consommateur, même si celui des politiques et des “grands de ce monde” est fondamental.

Je vous envoie du courage et une bonne dose de green power, car il en faut, pour garder le cap en 2020 !

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5 commentaires
  1. Coucou. C’est un sujet que j’ai vois de plus en plus sur les blogs. Et bien que je ne sois pas concernée car mes gestes sont peu nombreux mais existants, je pense aussi que cela existe partiellement en amont d’un engagement fort. En effet, l’entourage est très septique quant à l’impact du résultat par rapport aux déchets gigantesques des entreprises et freine beaucoup les avancées.
    Mais plus question pour moi de revenir aux shampoing industriels ou aux disques de coton jetables.

  2. Hello,
    Merci pour cet article fort intéressant. Je n’ai pas encore eu de baisse de motivation depuis ma prise de conscience il y a bientôt trois ans. Le compost est pour moi ludique et quand je vois le résultat, ça me motive davantage. Pour le reste, c’est devenu tellement une habitude que c’est mécanique (ex : faire sa propre lessive, savoir quelles cosmétiques sont propres…).
    Je me mets parfois un peu la pression, quand je n’ai pas le temps de cuisiner et que je vais prendre un sandwich classique emballé.. Effectivement je culpabilise. Mais je m’efforce de penser qu’il faut continuer à faire le maximum d’actions à notre échelle, pour montrer aux pouvoirs publics que des alternatives existent pour une planète plus propre. C’est un peu utopique, mais j’espère qu’un jour, ça va marcher ! On voit déjà des pays qui interdisent les plastiques ou objets à usage unique. C’est un bon début et c’est grâce à nous !
    Bonne journée,
    Claire

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