Théâtre : Nourrir l’humanité, c’est un métier

J’ai été voir la pièce “Nourrir l’humanité, c’est un métier” lors de mes recherches initiales pour mon mémoire de fin d’études. J’ai voulu partager avec vous mon ressenti de cette pièce atypique, qui se joue toujours à l’heure actuelle, notamment à Liège et à Bruxelles. Consultez l’agenda complet, je vous invite vivement à aller voir cette pièce originale et magnifique. En 2017, elle s’est par ailleurs enrichie de nouvelle scènes sur la nécessaire transition et l’agroécologie. A Liège, la représentation s’intègre dans le cadre du festival “Nourrir Liège 2017” qui aura lieu du 7 au 26 mars.

Le texte ci-dessous est également paru dans le JUMP d’Ecolo J n°14.

“Nourrir l’humanité, c’est un métier” nous éveille à la réalité des agriculteurs d’aujourd’hui. Poussés à l’industrialisation et à la mise en place de normes qui les dépassent, le désespoir les gagne. Chez nous, quatre fermes disparaissent tous les jours. Cet article a pour volonté de prolonger modestement cet éveil, en apportant un contexte et des réflexions sur l’agriculture d’aujourd’hui.

La pièce

Mise en scène dépouillée –du foin, une table, deux chaises- deux acteurs réalistes et un grand écran animent l’espace d’une petite salle du Théâtre national. Le public semble hétéroclite, à l’écoute, durant l’heure quinze de la pièce.

Le principe est simple : deux intervenants ont sillonné nos routes ardennaises à la recherche de témoignages d’agriculteurs, de leur regard sur leur métier et son évolution, leur vision de l’avenir. Ils les ont capturés et nous les restituent sur grand écran.

Sur scène, les acteurs incarnent également des agriculteurs, les imitent pour renforcer et donner vie à leurs discours. Des paroles brutes, touchantes aux accents belges nous déroutent et nous font réfléchir. La Compagnie Art & Tça nous explique que “les acteurs tentent de se mettre à la place de ces hommes et de ces femmes à travers leurs mots, leurs corps, leurs regards, leurs silences.”

Les applaudissements finaux révèlent la puissance de la pièce documentaire : une ovation retentit dans la salle, les gens se lèvent, sifflent et acclament les acteurs.

A l’extérieur, les créateurs de Fairebel sont là et nous distribuent du lait. Un stand rempli d’initiatives citoyennes autour de l’alimentation poursuit la réflexion.

Contexte

Dans un contexte où l’utilisation des ressources est croissante, et où l’expansion de la population humaine se poursuit, la question de l’accès à une nourriture suffisante, de qualité, et diversifiée, est un enjeu majeur.

L’ONU a estimé en juin 2013 que la population mondiale passera de 7,2 milliards en 2013 à 9,6 milliards d’êtres humains en 2050.

Par ailleurs, nos ressources ne sont pas infinies et l’appauvrissement des terres engendre également des difficultés à imaginer pouvoir nourrir 9 milliards d’êtres humains de la même manière que nous produisons, distribuons et consommons notre nourriture actuelle. Nous nous devons de repenser notre alimentation de manière durable si nous voulons amoindrir les problèmes futurs.

Réalités agricoles

Aujourd’hui, quatre fermes disparaissent tous les jours en Belgique. Par ailleurs, les grandes exploitations s’étendent, s’agrandissent encore et s’industrialisent. Dès les années 50, les agriculteurs mécanisent leur production pour augmenter la productivité et réduire les besoins en main d’œuvre. Ces investissements en équipements techniques (machine de récolte, bâtiments) sont coûteux. Cela contraint les agriculteurs à produire en plus grande quantité s’ils veulent assurer leurs revenus. Les petites exploitations familiales ne peuvent suivre le mouvement et le métier perd de sa force, les enfants d’agriculteurs se tournent vers d’autres horizons, moins fragiles. D’ailleurs, on parle de moins en moins de fermes familiales, mais de plus en plus d’exploitations industrielles, l’agriculture devenant un pan à part entière de l’industrie.

L’agriculture se retrouve ainsi confrontée à un paradoxe : d’une part, elle se caractérise par une crise financière et identitaire, et s’industrialise de manière croissante. Coincée dans des exigences sanitaires, administratives, financières, l’agriculture familiale s’épuise. D’autre part, une exigence grandissante de la part des consommateurs de « savoir ce qu’ils mangent », un retour aux sources et une envie de redécouvrir des produits du terroir, non transformés.

Et si nos actes de consommations pouvaient redonner la parole et la foi aux agriculteurs ? Et si nous nous intéressions à leurs méthodes de production, leurs produits et leur amour de la terre ?

La pièce « Nourrir l’humanité c’est un métier » veut nous amener vers cette agriculture sous pression, réalité rarement abordée au théâtre. Elle nous questionne sur notre engagement collectif et individuel, nous invite à réfléchir à l’avenir de notre agriculture, mais aussi à notre avenir à tous.

En savoir plus

Compagnie Art &Tça

 

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