Le 27 février 2022 est sortie le résumé du 6e rapport du GIEC “Impacts, adaptation et vulnérabilité. Très peu médiatisé, ce rapport est pourtant impératif pour la mise en place rapide de politiques efficaces. Quelles en sont les principales conclusions ? Voici une synthèse du résumé pour les décideurs ainsi qu’une brève analyse du traitement apporté par les médias. Je vous invite également à lire mon article qui présente un résumé de la première partie du rapport du GIEC, histoire de vous remettre dans le bain.
“Nous sommes la solution” : l’introduction du rapport du GIEC
En introduction, le rapport reconnait plus que jamais le lien entre climat, écosystème, biodiversité et les sociétés humaines.
“This report recognizes the interdependence of climate, ecosystems and biodiversity, and human societies (Figure SPM.1) and integrates knowledge more strongly across the natural, ecological, social and economic sciences than earlier IPCC assessments.“
Il établit directement, dans l’introduction même, une proposition de solution pour réduire le risque climatique et œuvrer en faveur d’une résilience.
Ce schéma illustre les fortes interactions entre sociétés humaines, écosystèmes et système climatique. Si ces interactions sont à la fois la base des risques climatiques, elles offrent des opportunités pour le futur :
- l’activité humaine cause le changement climatique. Nous pouvons atténuer le changement climatique.
- l’activité humaine impacte les écosystèmes. Nous pouvons les restaurer et les préserver.
- L’action est possible par la politique, la finance, les technologies existantes.
Ces conclusions sont limpides et évidentes : puisque nous sommes la cause, nous sommes aussi la solution.
Le rapport du GIEC dans les médias belges
Or, c’est là que je souhaite directement réagir face à la manière dont les médias ont présenté le rapport du GIEC. Il ne faut pourtant pas aller bien loin (en page 4) pour lire et transmettre ce message. Et c’est important de souligner que les médias choisissent ce qu’ils communiquent. En privilégiant une partie de l’information, et en censurant une autre partie, ils engendrent des comportements auprès des lecteurs.
Et qu’ont choisi les médias ? Dans ce post Instagram, je vous présente les principaux articles parus entre le 28 février et le 11 mars 2022 sur les sites web de 4 grands médias belges : Le Soir, la RTBF, la Libre Belgique et l’Echo.
Le traitement médiatique met en évidence des chiffres étourdissants, des citations dramatiques qui nous cantonnent à l’impuissance. De cette manière, on évite toute piste d’action, on évite aussi de faire prendre conscience aux citoyens que des actions sont possibles, sont urgentes, mais que ces actions existent et qu’elles relèvent en premier de mises en oeuvre politiques. Alors, en privant les citoyens de cette information, on autorise par là l’inaction politique. En mettant en avant l’impuissance, le caractère inéluctable du changement climatique, on encourage les politiques à ne rien faire. Astucieux, n’est-ce pas ?
Mais pourtant les impacts psychologiques du traitement de l’information sont énormes. Plus de 75% des jeunes de 18 à 24 sont sujets à l’écoanxiété. L’avenir qu’on leur présente est incertain.
Le changement climatique présente lui-même des impacts sur la santé mentale, les enjeux en termes de santé publique sont énormes.
Poursuivons la lecture du rapport…
Conclusions scientifiques du 6e rapport du GIEC
127 risques clés sont identifiés dans le rapport et souligne à nouveau l’existence de solutions efficaces et justes.
AR6 highlights adaptation solutions which are effective, feasible, and conform to principles of justice.
Pour bien comprendre cette seconde partie rapport du GIEC et intégrer les solutions proposées, il importe de repartir des conclusions scientifiques émises dans la 1ère partie du 6e rapport publiée le 09 août 2021.
“Human-induced climate change, including more frequent and intense extreme events, has caused widespread adverse impacts and related losses and damages to nature and people, beyond natural climate variability. Some development and adaptation efforts have reduced vulnerability. Across sectors and regions the most vulnerable people and systems are observed to be disproportionately affected. The rise in weather and climate extremes has led to some irreversible impacts as natural and human systems are pushed beyond
their ability to adapt. “(high confidence)
- Il a été établi que l’activité humaine cause des impacts climatiques sur toute la surface de la planète. Certains impacts sont irréversibles, comme l’extinction d’espèces. D’autres impacts s’approchent du point de bascule.
- Les impacts ne sont pas les mêmes partout sur le globe. La vulnérabilité des populations diffère géographiquement. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes ainsi qu’un grand nombre d’espèces sont hautement vulnérables au changement climatique. La future vulnérabilité des écosystèmes dépend de nos activités humaines passées, présentes et futures, en termes de consommation et de production, de croissance démographique, ainsi que la gestion des terres, de l’Océan et de l’eau. Sans action politique, la majorité des forêts, des récifs coralliens et des zones côtières disparaitront.
Le rapport poursuit en triant les risques selon les échéances.
Risques à court terme (2021-2040)
“Global warming, reaching 1.5°C in the near-term, would cause unavoidable increases in multiple climate hazards and present multiple risks to ecosystems and humans (very high confidence). The level of risk will depend on concurrent near-term trends in vulnerability, exposure, level of socioeconomic development and adaptation (high confidence). Near-term actions that limit global warming to close to 1.5°C would substantially reduce projected losses and damages related to climate change in human systems and ecosystems,
compared to higher warming levels, but cannot eliminate them all (very high confidence).“
- En raison du réchauffement climatique à cours terme et de la fréquence plus élevée d’événement climatiques extrêmes, on relève des risques élevés à très élevés en termes de perte de biodiversité.
- Les risques associés au climat dépendent surtout de la vulnérabilité, de l’exposition, du niveau socio-économique et de l’adaptation, et non des différents scénarios climatiques en eux-mêmes. De nombreux risques sont inévitables à court-terme et d’autres peuvent être réduits selon la manière dont nous allons agir.
- À court terme, les actions qui limitent le réchauffement de la planète à près de 1,5°C réduiraient considérablement les pertes et dommages liés au changement climatique dans les systèmes humains et les écosystèmes, par rapport à des niveaux de réchauffement plus élevés, mais ne peuvent pas les éliminer tous.
Risques à moyen et long-terme (2041-2100)
“Beyond 2040 and depending on the level of global warming, climate change will lead to numerous risks to natural and human systems (high confidence). For 127 identified key risks, assessed mid- and longterm impacts are up to multiple times higher than currently observed (high confidence). The magnitude and rate of climate change and associated risks depend strongly on near-term mitigation and adaptation actions, and projected adverse impacts and related losses and damages escalate with every increment of global warming (very high confidence).“
- Les risques à moyen et long-terme sont étroitement liés à aux actions de réduction et d’adaptation au changement climatique.
- Plus le réchauffement climatique est important, plus les pertes en biodiversité terrestre seront élevées : 3 à 14% avec +1,5 degrés, 3 à 18% à +2 degrés, 3 à 29% à +3°C, 3 à 39% à 4°C, et 3 à 48% à 5°C. Les risques augmentent également pour la biodiversité marine, plus la température augmente.
- Le changement climatique a un impact sur la sécurité alimentaire, la santé humaine et les maladies, croissant avec l’augmentation de la température globale.
- Les migrations climatiques vont augmenter.
- Les impacts et les risques liés au changement climatique deviennent de plus en plus complexes et difficiles à gérer. De multiples aléas climatiques vont se produire et interagir en même temps. Cela entraine une aggravation du risque global et des risques en cascade. De plus, certaines adaptations au changement climatique entraînent de nouveaux impacts et risques.
Impacts d’un dépassement temporaire
“If global warming transiently exceeds 1.5°C in the coming decades or later (overshoot), then many human and natural systems will face additional severe risks, compared to remaining below 1.5°C (high confidence). Depending on the magnitude and duration of overshoot, some impacts will cause release of additional greenhouse gases (medium confidence) and some will be irreversible, even if global warming is reduced (high confidence).“
- Un dépassement temporaire de 1,5 °C aura des effets irréversibles sur certains écosystèmes.
Réponses et adaptation aux changements climatiques
“Many adaptation options exist and are used to help manage projected climate
change impacts, but their implementation depends upon the capacity and effectiveness of governance and decision-making processes.“
- Des progrès dans les adaptations ont déjà été notés dans plusieurs secteurs et avec de bons résultats. Néanmoins, ces progrès sont inégalement répartis et sont surtout orientés court-terme. On parle d’un “gap” entre les progrès mis actuellement en oeuvre et ceux réellement nécessaires pour réduire les risques du changement climatique. Mais aussi d’un “gap” entre personnes/écosystèmes/communautés vulnérables et les autres.
“There are feasible and effective adaptation options which can reduce risks to people and nature. The feasibility of implementing adaptation options in the near-term differs across sectors and regions (very high confidence). The effectiveness of adaptation to reduce climate risk is documented for specific contexts, sectors and regions (high confidence) and will decrease with increasing warming (high confidence). Integrated,
multi-sectoral solutions that address social inequities, differentiate responses based on climate risk and cut across systems, increase the feasibility and effectiveness of adaptation in multiple sectors (high confidence).“
- La gestion de l’eau dans l’agriculture, le stockage de l’eau, la conservation de l’humidité des sols et l’irrigation sont des réponses d’adaptation qui fournissent des avantages économiques, institutionnels ou écologiques et réduisent la vulnérabilité.
- Des solutions peuvent apporter une plus grande sécurité alimentaire : amélioration des cultures, agroforesterie, gestion communautaire, diversification des exploitations et des paysages, et agriculture urbaine. En parallèle, des actions pour réduire le gaspillage alimentaire et garantir une alimentation saine assurent une meilleure santé humaine.
- Il importe également de préserver et restaurer les forêts, par une gestion durable de celles-ci. Il en va de même pour les zones côtières, l’océan et l’eau douce.
- Environ 3,4 milliards de personnes dans le monde vivent dans des zones rurales, et beaucoup d’entre elles sont hautement vulnérables au changement climatique. Il importe d’agir à tous les niveaux de gouvernance pour garantir le bien-être des plus vulnérables.
Limites de l’adaptation au changement climatique
“Soft limits to some human adaptation have been reached, but can be overcome by addressing a range of constraints, primarily financial, governance, institutional and policy constraints (high confidence). Hard limits to adaptation have been reached in some ecosystems (high confidence). With increasing global warming, losses and damages will increase and additional human and natural systems will reach adaptation limits (high
confidence).“
- Les contraintes financières sont déterminantes des limites de l’adaptation dans tous les secteurs et toutes les régions.
- Des écosystèmes atteignent ou dépassent déjà les limites d’adaptation, notamment certains récifs coralliens d’eau chaude, des zones humides côtières, certaines forêts tropicales et certains écosystèmes polaires et de montagne (confiance élevée). Au-dessus d’un réchauffement climatique de 1,5°C, certaines mesures d’adaptation fondées sur les écosystèmes perdront leur efficacité en termes de bénéfices pour les populations car ils auront atteint leurs limites d’adaptation.
- Même si l’adaptation est efficace, elle n’empêchera pas toutes les pertes et dommages.
- Ces pertes et dommages augmentent avec le réchauffement global et deviennent de plus en plus difficiles à éviter, tout en se concentrant fortement sur les personnes les plus pauvres et vulnérables.
Eviter une mauvaise adaptation
“There is increased evidence of maladaptation across many sectors and regions since the AR5. Maladaptive responses to climate change can create lock-ins of vulnerability, exposure and risks that are difficult and expensive to change and exacerbate existing inequalities. Maladaptation can be avoided by flexible, multi-sectoral, inclusive and long-term planning and implementation of adaptation actions with benefits to many sectors and systems. (high confidence).“
- Les actions qui se concentrent uniquement sur les résultats à court-terme conduisent à une mauvaise adaptation à long-terme. C’est le cas par exemple des digues de sécurité qui protègent les populations côtières à court terme mais augmentent les risques à long-terme. On retrouve d’autres exemples de mauvaises adaptations au sein d’écosystèmes où l’on ne respecte pas les processus naturels, ni une adaptation en toute autonomie.
- De mauvaises adaptations renforcent les inégalités.
Conditions favorables à l’adaptation
“Enabling conditions are key for implementing, accelerating and sustaining adaptation in human systems and ecosystems. These include political commitment and follow-through, institutional frameworks, policies and instruments with clear goals and priorities, enhanced knowledge on impacts and solutions, mobilization of and access to adequate financial resources, monitoring and evaluation, and inclusive governance processes. (high confidence).“
- L’engagement politique et le suivi à tous les niveaux du gouvernement accélèrent la
mise en œuvre des mesures d’adaptation. - Les cadres institutionnels, les politiques et les instruments qui fixent des objectifs d’adaptation clairs, définissent les responsabilités et les engagements, et qui sont coordonnés entre les acteurs et les niveaux de gouvernance, renforcent et soutiennent les actions d’adaptation.
- Augmenter les connaissances sur les risques, les impacts et leurs conséquences, et les options d’adaptation disponibles encourage les réponses sociétales et politiques.
- Les besoins de financement de l’adaptation sont estimés plus élevés que ceux présentés dans le 5e rapport. L’accès aux ressources financières est essentiel à la mise en œuvre de l’adaptation et à la réduction des “gaps” d’adaptation (confiance élevée). Les finances publiques sont un levier important pour l’adaptation.
- Le monitoring et l’évaluation de l’adaptation sont indispensables pour suivre les progrès et permettre une adaptation efficace.
- Une politique inclusive qui donne la priorité à l’équité et à la justice dans la planification et la mise en œuvre de l’adaptation au changement conduit à des résultats d’adaptation plus efficaces et plus durables.
Développer la résilience climatique
Par “résilience climatique”, on entend ” le développement d’une « aptitude à s’adapter » à divers futurs possibles.”
“Evidence of observed impacts, projected risks, levels and trends in vulnerability, and adaptation limits, demonstrate that worldwide climate resilient development action is more urgent than previously assessed in AR5. Comprehensive, effective, and innovative responses can harness synergies and reduce tradeoffs between adaptation and mitigation to advance sustainable development. (very high confidence)“
- Les opportunités de résilience ne sont pas égales partout dans le monde. Il est donc important d’investir dans des projets où les communautés sont plus vulnérables.
“Climate resilient development is enabled when governments, civil society and the private
sector make inclusive development choices that prioritise risk reduction, equity and justice, and whendecision-making processes, finance and actions are integrated across governance levels, sectors and timeframes (very high confidence). Climate resilient development is facilitated by international cooperation and by governments at all levels working with communities, civil society, educational bodies, scientific and other institutions, media, investors and businesses; and by developing partnerships with traditionally marginalised groups, including women, youth, Indigenous Peoples, local communities and ethnic minorities (high confidence). These partnerships are most effective when supported by enabling political leadership, institutions, resources, including finance, as well as climate services, information and decision support tools (high confidence)“
- Le développement de la résilience au climat progresse lorsque les acteurs travaillent de manière équitable, juste et favorable pour concilier des intérêts, des valeurs et des visions du monde divergents, afin d’obtenir des résultats équitables et justes.
- La tendance mondiale à l’urbanisation offre également une occasion cruciale, à court terme, de faire progresser la résilience climatique. La planification et l’investissement dans la prise de décision quotidienne concernant l’infrastructure urbaine peuvent augmenter de manière significative la capacité d’adaptation des établissements urbains et ruraux.
- La sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes est fondamentale pour un développement résilient au climat, compte tenu des menaces que le changement climatique fait peser sur eux : 30 à 50 % de la superficie terrestre, des eaux douces et de l’océan.
Changement climatique et agnotologie
Il me semblait important de conclure cet article avec un autre point essentiel lorsqu’on parle de changement climatique. On y voit s’accoler une stratégie collective de construction d’ignorance, ce que l’on appelle l’agnotologie. Alors que, depuis les années 1990, les rapports du GIEC informent populations et gouvernements sur l’état du climat…
…En 2016, lorsque l’ADEME demande aux Français :
A votre avis, lorsque l’on parle aujourd’hui du réchauffement de l’atmosphère terrestre dû à l’augmentation de l’effet de serre est-ce plutôt ?
- une certitude pour la plupart des scientifiques
- une hypothèse sur laquelle les scientifiques ne sont pas tous d’accord
41% de Français répondent par l’affirmative à la seconde question, alors même qu’en 2014 sortait le 5e rapport du GIEC qui renforçait le diagnostic des climatologues sur le sujet.
Mais aussi, et c’est là inquiétant, l’enquête révèle une ignorance sociale, au sens propre du terme (une méconnaissance). La majorité des gens ne connaissent rien au changement climatique ni aux mécanismes sous-jacents. Dès lors, il leur est plus compliqué de comprendre une réalité complexe, si les notions de base en climat leur sont inconnues. Et c’est sur ces fondements que se construit l’agnotologie, comme elle l’a fait pour l’industrie du tabac et la malbouffe. “Auprès d’une population ne maîtrisant pas les données scientifiques de base d’un sujet, un mensonge simple sera toujours beaucoup plus efficace qu’une explication honnête d’une vérité scientifique complexe” (Le Monde).
Et c’est sur cette méconnaissance commune que viennent s’appuyer les théories climato-sceptiques, renforçant l’ignorance collective. Citons par exemple les deux prix Nobel Ivar Giaever et Kary Mullis, qui sont climatosceptiques ainsi que les Français Claude Allègre et Jean-Claude Pont. Ces scientifiques s’appuient sur le fait qu’il est difficile de trouver un consensus affirmant à 100% que l’humain est responsable du changement climatique et dès lors, ils relativisent l’impact de l’activité humaine sur le climat, arguant que la Terre connait naturellement des variations de la température. Des politiques, comme Donald Trump, relaient ce discours.
Les journalistes non formés en science (ont-ils seulement lu le rapport du GIEC ?) publient de leur côté des informations parcellaires, souvent ancrées dans l’émotionnel et le sensationnel. Viennent alors se greffer nos propres biais cognitifs qui font qu’on retient toujours mieux les données qui confirment notre pensée initiale. Les réseaux sociaux et les fake news entretiennent le tout. Nous diffusons à notre tour de l’ignorance collective, participant à sa construction. La boucle est bouclée.
C’est pourquoi la citation “le savoir, c’est le pouvoir” n’a jamais eu autant de sens. Les rapports du GIEC sont à la portée de tous. En 37 pages (anglais scientifique), vous pouvez accéder au dernier rapport.
Les précédents sont aussi téléchargeables en ligne et traduits en de multiples langues. Il s’agit de notre premier action en tant que citoyens. Nécessaire pour prendre conscience que l’action politique est nécessaire et possible. Que des solutions existent. Car les médias prennent plaisir à réduire le changement climatique à un champ d’inactions, une dramaturgie sans fin à laquelle nous sommes conviés en tant que spectateurs. Or, si nous sommes les coupables, nous sommes aussi la solution.