Chouette, cette semaine, je reçois des invités sur le blog ! Il s’agit des Écolos Imparfaits :
Nous sommes Mélissandre et William auteurs du blog Les Écolos Imparfaits. Les Écolos Imparfaits est né d’une volonté de ne plus rester écolos isolés mais de passer à l’action pour sensibiliser d’autres personnes. Dans notre expérience on a compris que l’on ne pouvait pas passer d’un mode de vie consumériste à un mode de vie plus écoresponsable du jour au lendemain. A travers ce blog, nous voulons aider les gens qui nous suivent à changer leur consommation pas à pas, pour une transition écologique plus douce.
Le but de notre projet est d’apporter les ressources nécessaires à tout écolo débutant pour mettre en pratique l’écologie au quotidien et développer une résilience écologique. A côté de ça, Mélissandre est aussi animatrice pour la Fresque du Climat afin de sensibiliser le grand public aux enjeux du dérèglement climatique et aux leviers d’actions possibles.
Pour mon plus grand plaisir (et le vôtre, je l’espère), ils viennent nous parler matous et plus précisément chat domestique. Savez-vous quel est l’impact environnemental de votre félin préféré ? Quelle est la litière et la nourriture la plus adaptée pour réduire les déchets ? Pourquoi stériliser son chat domestique ? Réponses ci-dessous.
Il y a un peu moins d’un an, nous [Mélissandre et William] avons adopté notre petite chatte dénommée Kiki. Qui aurait cru il y a un an, que ce serait le coup de foudre entre cette boule de poils recroquevillée au fond de sa cage du refuge et nous ? On vous l’accorde, ça pouvait être prévisible étant donné qu’en France, le chat est le premier animal domestique avec environ 14 millions de représentants dans les foyers 1.
Les chats plaisent, ils sont mignons, indépendants, constituent une présence rassurante et apaisante et sont des compagnons de vie à part entière. Cependant, le comportement du chat domestique ne rime pas forcément avec écologie. En effet, un chat chasse par instinct, nécessite une alimentation particulière, se reproduit beaucoup et facilement, et génère son lot de déchets personnels. Quand on est engagé dans une démarche éco-responsable, pourvoir aux besoins de son chat domestique pousse à remettre en cause son impact sur l’environnement et la biodiversité. Le chat serait-il un fléau pour cette dernière ? Doit-on juste arrêter d’adopter cet animal ? Comment faire pour réduire l’impact environnemental de son chat quand on est propriétaire ? Dans cet article, nous vous apportons des réponses, avec un tour d’horizon de solutions à destination des propriétaires de chats.
Le chat, pas si écoresponsable ?
Pollution, menace de la biodiversité, prédateur invasif, impact sur le dérèglement climatique, nuisible à éradiquer. Ce sont des mots très forts que l’on associerait volontiers à des rats ou des bestioles peu ragoutantes mais pas à un chat. Et pourtant, si ces associations peuvent choquer, elles ont une part de vérité.
Pourquoi un chat, ça pollue ? Le chat ne roule pas en SUV et n’exploite pas les ressources terrestres jusqu’à épuisement comme l’Homme, mais il a sa part de responsabilité à cause de sa domestication. Soyons clairs, dans les lignes qui suivent, le blâme n’est pas porté sur les chats. Ce sont les comportements humains qui ont conduit à une prolifération dangereuse du chat qui sont à blâmer.
La reproduction envahissante des chats
Les chats ont une reproduction exponentielle en très peu de temps. La période de gestation des chats étant très courte, les chattes peuvent avoir entre 4 et 8 chatons par portées et 3 à 4 portées par an. Sachant qu’une chatte peut faire des petits à partir de 6 mois, on peut se retrouver avec 20 000 descendants au bout de 4 ans, à partir de seulement 2 individus…
C’est comme ça qu’après que l’Homme ait introduit seulement 5 chats aux îles Kerguelen en 1950, des millions de chats envahissent aujourd’hui la région insulaire 4.
Les chats ne se reproduisent pas seulement beaucoup, ils sont aussi très résistants et résilients à leur environnement. En plus du fait qu’ils peuvent tout chasser, cette résistance aux changements d’environnement les place haut dans la chaîne alimentaire.
De plus, se reproduire entre congénères ou membres étroitement apparentés (frères et sœurs ou parents-enfants) n’affectent pas leur capacité à se reproduire. Elsa Bonnaud, travaillant pour le Laboratoire Ecologie Systématique et Evolution explique, qu’ils ne sont pas soumis à la dépression de consanguinité 4 (affaiblissement de l’espèce).
Cette invasion, déséquilibre totalement les écosystèmes locaux et menace aujourd’hui la biodiversité de nombreuses régions comme on va le voir dans la suite de cet article.
Le chat impacte directement la biodiversité locale
Le chat domestique ne sortant pas à l’extérieur, est nourri aux croquettes et se contente de chasser ses jouets. Il n’impacte donc pas son environnement. En revanche, les chats domestiques en liberté chassent « pour le sport » et les chats errants n’ont pas d’autre choix pour se nourrir.
D’après une étude menée aux États-Unis en 2013 2, les chats en liberté auraient tué 2,4 milliards d’oiseaux, ainsi que 12.3 milliards de petits mammifères. Comme quoi le petit minou des vidéos à millions de vues sur internet peut s’avérer être un vrai tueur en série ! La nuisance des chats domestiques n’est pas à prendre à la légère.
Le chat apparaît en 2e position derrière le rat dans la liste des prédateurs exterminateurs avec 63 espèces de mammifères, oiseaux et reptiles à son actif depuis 500 ans 3. Les zones les plus touchées sont les régions insulaires comme l’Australie ou Madagascar, car les espèces n’y ont pas évolué en compagnie de ces prédateurs introduits par l’Homme.
La cause principale de cette perte de biodiversité est la prédation qui chamboule l’équilibre naturel des écosystèmes. L’introduction d’une espèce prédatrice envahissante prive de nourriture certains animaux terrestres, s’ils ne sont pas déjà le repas. En disparaissant, les espèces emportent avec elles les fonctions et les services qu’elles remplissent dans le système naturel bien rôdé de la biodiversité. En effet, en domestiquant le chat, l’Homme devient le régulateur du nombre de chats en favorisant sa multiplication invasive. Or, dans la nature, c’est la quantité de ressources disponibles pour survivre qui régule la population d’une espèce. La reproduction et l’implantation envahissante des chats crée une prédation trop importante ainsi qu’une compétition directe entre prédateurs, éliminant au passage des prédateurs naturels.
L’alimentation domestique du chat remise en cause
Si nous remettons en cause notre consommation de viande chez l’Homme, nous pensons rarement à l’impact environnemental de l’alimentation de nos animaux domestiques. L’alimentation des chats domestiques est basée sur des croquettes industrielles, faites à partir de produits ou sous-produits d’animaux. D’après une étude américaine de Grégory Okin sur l’impact environnemental de la nourriture pour chiens et chats 5, 25% à 30 % de l’impact environnemental de la production de viande serait détenu par nos bêtes à 4 pattes. Cela serait dû à l’exploitation des sols, des ressources en eau et en énergies non renouvelables. D’après cette même étude, aux États-Unis, l’alimentation carnée des animaux de compagnie comme le chien et le chat serait responsable d’environ 64 millions de tonnes de CO2 equ en méthane et protoxyde d’azote.
La question d’un régime végétarien pour les chats ne se pose pas. En revanche, l’obésité à cause de surnutrition des animaux est un vrai problème. La malbouffe concerne aussi nos animaux. Trouver des sources de protéines alternatives pourrait aussi contribuer à limiter les impacts de l’alimentation du chat.
Le désastre écologique de la litière pour chats
Enfin, et non des moindres pour ceux qui s’intéressent de près au zéro déchet, la litière pour chats. La litière pour chats représente à elle seule environ 180 kg de déchets par an et par propriétaire 6.
Sans surprise, les litières minérales et industrielles sont plutôt un désastre écologique :
- Les litières minérales sont issues de matières premières non renouvelables
- L’extraction de l’argile, des graviers ou de la silice nécessaires à la fabrication des litières se fait par excavation et détruit la biodiversité locale. D’ailleurs, les carrières d’où sont extraits les matériaux se trouvent souvent à l’autre bout du monde, engendrant un coût environnemental lié au transport.
- Les substances chimiques intervenant dans les litières industrielles pour colorer, parfumer et blanchir sont nocives pour l’environnement et pour l’Homme.
- Les déchets générés par les litières minérales ne sont ni revalorisables, ni biodégradables, ni compostables : ce sont des déchets ultimes 6.
Malgré toutes ces bonnes raisons, nous n’avons pas décidé de nous débarrasser de notre chat ! On vous propose plutôt une liste d’actions à mener pour diminuer l’impact environnemental de votre chat.
5 actions pour diminuer l’impact environnemental de son chat
Adopter en refuge et boycotter l’élevage
Si après la lecture de la première partie de l’article, vous voulez toujours un chat, gardez vous de l’acheter. Pour lutter contre la sur-reproduction des chats et par la même occasion la maltraitance animale, on ne peut que vous recommander de ne pas acheter votre animal de compagnie en animalerie ou dans un élevage. Préférez de loin, donner sa chance à un petit chat qui n’a pas demandé à être là. En France, vous retrouverez de nombreux refuges de la Société Protectrice des Animaux. En Belgique, il existe aussi l’association Sans Collier qui recueille des chats errants ou abandonnés. Il y a aussi le refuge Inni, d’où viennent mes chats (NDLR)
Rejoindre les campagnes de stérilisation
La destruction de la biodiversité par les chats étant fortement due à l’augmentation exponentielle de leur population, stérilisons les chats. En Belgique, la stérilisation des chats est obligatoire depuis 2017, avec pour résultat d’avoir fait chuter le taux d’euthanasie de moitié dans les refuges 7. En France, ce n’est pas encore obligatoire, mais la SPA mène des campagnes de stérilisation pour empêcher les chats errants de se reproduire. Ainsi, quand vous adoptez un chat en refuge, il doit vous être remis stérilisé.
Stériliser les chats, n’est pas barbare mais rend service à la biodiversité et à l’espèce. On ne compte plus le nombre de chats qui tentent de survivre dans les rues.
Pour certains pays comme l’Australie, la solution choisie est plus radicale. En 2015, Greg Hunt, le ministre australien de l’Environnement avait annoncé : “D’ici à 2020, je veux voir 2 millions de chats abattus, 5 nouvelles îles et 10 nouvelles zones sur le continent transformées en refuges sûrs, débarrassés de tout félin.” Des campagnes d’exterminations ont en effet été lancées mais freinées par les épisodes incendiaires de 2019-2020, ainsi que la situation sanitaire. Pourtant, éradiquer l’espèce n’est pas une solution, cela déséquilibrerait également les écosystèmes. D’où la stérilisation.
Changer son alimentation
Le chat est naturellement carnivore. Il a des besoins en acides aminés essentiels bien différents des nôtres. Il n’est donc pas sensé marger de protéines végétales. On ne vous conseille pas d’essayer de rendre votre chat végétarien pour la planète, il en dépend de sa santé. Vous pouvez par contre changer les croquettes industrielles classiques pour des croquettes bio pour commencer. Plus pour la santé de votre chat, on vous conseille des croquettes sans céréales, les chats ont beaucoup de mal à les digérer et à les assimiler. De plus en plus d’enseignes zéro déchet comme Day by Day proposent aux consommateurs d’acheter les croquettes en vrac pour se passer des emballages.
Des marques comme Tomojo, proposent également une alternative avec des croquettes à base d’insectes. En effet, les insectes étant très protéinés et la farine en découlant ne demandant que peu d’eau et presque pas d’espace agricole, l’impact environnemental est drastiquement diminué.
Passer à la litière compostable
En maison, le chat peut sortir à l’extérieur mais en appartement vous aurez besoin d’une litière. Pourquoi ne pas passer à la litière végétale ? La litière végétale est une solution 100% naturelle, écoresponsable et écologique. On vous conseille en particulier, la litière à base de copeaux de bois issus de forêts gérées durablement : garantie sans odeur et très absorbante.
Si vous compostez déjà vos déchets organiques, la litière végétale se composte également. Si vous n’avez pas encore de compost, vous pouvez lire notre article sur comment faire son compost.
Entraver sa chasse
Votre chat sort en extérieur et vous ramène régulièrement des petits cadeaux comme un oiseau mort ou une souris décapitée ? Il paraîtrait que l’équiper d’une petite clochette le rendrait moins discret auprès de ses proies et l’empêcherait donc de chasser. Vous pouvez aussi influer sur le comportement de votre chat. Le chat aime chasser pour traquer sa proie, se cacher, bondir, bref jouer avec. Pourquoi ne pas transférer son attitude sur un jouet directement ? En passant plus de temps à jouer avec votre animal à l’aide d’une proie fictive, il aura moins envie de se jeter sur le moindre oiseau dehors.
En résumé
Oui, les chats détruisent la biodiversité à cause de leur prédation prépondérante et leur nombre. En revanche, ce n’est pas la faute du chat directement. En domestiquant le chat et en l’introduisant dans des régions inadaptées à sa présence, l’Homme est à l’origine de l’impact environnemental des chats. Vous avez maintenant des solutions pour garder votre petite boule de poils tout en diminuant cet impact.
On espère que cet article vous aura donné des éléments pour mieux lier écologie et animal de compagnie !
Mélissandre et William du blog Les Écolos Imparfaits
Nos sources
- Enquête FACCO/KANTAR-TNS 2020, Les chiffres de la population animale en France
- Loss, S., Will, T. & Marra, P. The impact of free-ranging domestic cats on wildlife of the United States. Nat Commun 4, 1396 (2013). https://doi.org/10.1038/ncomms2380
- Les chats responsables d’un désastre écologique, Sciences et avenir
- Chat : quand minou devient un tueur en série, GEO
- Gregory S. Okin, Environmental impacts of food consumption by dogs and cats, Plos One 2017, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0181301
- L’empreinte écologique des litières pour chats, Infographie JRS 2019
- Stérilisation des chats obligatoire en Belgique, RTBF