Saviez-vous qu’un tiers de toute la nourriture dans le monde est jetée ? Un chiffre aberrant qui peut s’expliquer de multiples manières : lors de la production alimentaire, tout d’abord, les normes européennes exigent notamment un certain calibrage des fruits et légumes. Si celui-ci n’est pas respecté, les aliments sont jetés. Au niveau du transport ensuite, les conditions de stockage et de transport ne sont pas toujours optimales, la chaine du froid peut être rompue, et cela engendre des pertes. Dans les magasins également, lorsque la date de péremption est atteinte, les aliments sont jetés. Ou si les fruits et légumes ne sont plus parfaits visuellement, hop poubelle. Et puis, dans nos frigos, bien sûr, avant même d’être consommés, ou encore tous les restes alimentaires dont nous ne faisons pas usage.
Mais finalement, le gaspillage alimentaire, c’est quoi ? Quels sont les aliments les plus gaspillés ? Quelles solutions existent pour lutter contre ce fléau ?
La crise alimentaire : le contexte actuel
Nos sociétés traversent et traverseront une crise alimentaire due à plusieurs facteurs. Citons tout d’abord l’augmentation démographique. L’ONU estime dans son rapport « Word Population Prospects » révisé en 2012 que la population mondiale passera de 7,2 milliards en 2013 à 9,6 milliards d’êtres humains en 2050 et 10,9 milliards en 2100. (ONU, 2012).
Par ailleurs, nos ressources ne sont pas infinies et l’appauvrissement des terres engendre des difficultés à imaginer pouvoir nourrir neuf milliards d’êtres humains de la même manière que nous produisons, distribuons et consommons notre nourriture actuelle. L’impact de nos modes alimentaires faisant peser une pression accrue sur nos écosystèmes, l’alimentation durable est l’un des défis majeur de notre monde au 21e siècle. Il s’agit de trouver des solutions éthiques, respectueuses de l’environnement et de la santé humaine. Il existe de multiples pistes actuellement explorées à l’agenda international : agrandir les surfaces agricoles, augmenter le rendement de l’agriculture, développer les organismes génétiquement modifiés et des innovations technologiques… Réduire le gaspillage alimentaire fait partie de ces pistes.
En effet, un tiers de nos aliments sont gaspillés, à tous les niveaux de la chaine alimentaire : « La Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO) estime que chaque année, un tiers de toute la nourriture produite pour la consommation humaine est perdue ou gaspillée – soit quelque 1,3 milliard de tonnes, pour un coût annuel d’environ 750 milliards de dollars. L’élimination des pertes et gaspillages alimentaires permettrait de nourrir 2 milliards d’êtres humains supplémentaires ».
Repenser notre alimentation
Repenser notre alimentation doit se faire à tous les niveaux : au niveau géographique, il s’agit de repenser le système alimentaire mondial en se repositionnant au niveau local ; au niveau nutritionnel, chaque individu doit s’approvisionner dans ses besoins nutritionnels réels et éviter que son alimentation déforce sa santé ; au niveau du cycle de vie des aliments également, il s’agit de réduire les impacts environnementaux à chaque étape du cycle de vie de l’aliment.
Dans nos pays industrialisés, les principales pertes alimentaires se font au niveau de la consommation et de la distribution. Diminuer les impacts environnementaux dans la chaine alimentaire peut se faire en réduisant la taille de celle-ci, en favorisant les rapports (plus) directs entre producteurs et consommateurs. C’est aussi développer la réutilisation des aliments non consommés et redonner du sens à notre alimentation.
Le gaspillage alimentaire, c’est quoi ?
Le gaspillage alimentaire englobe différentes réalités. Il est présent à tous les niveaux de la chaine de production d’une denrée alimentaire et varie fortement : tant au niveau méta (d’une situation géographique à une autre), qu’au niveau individuel, social, culturel, historique. Les chiffres du gaspillage alimentaire sont également fort différents selon l’acteur qui les définit, les méthodes de calcul utilisées et l’angle géographique abordé (mondial, européen, national, régional, individuel…). De plus, les estimations font face à un manque de données. Pour autant, les études se rejoignent dans leurs conclusions : le gaspillage alimentaire est de grande ampleur, partout dans le monde.
Définir le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire peut être appréhendé comme « l’action de trier et mettre au rebut délibérément ou consciemment une ressource alimentaire alors qu’elle est parfaitement comestible ». (Lundqvist et al., 2008). Au sens où Lundqvist et al. l’entendent, le gaspillage alimentaire se conçoit dans ce cas au niveau de la production et de la distribution. Mais il peut aussi s’appréhender au niveau individuel, où cette fois, le gaspillage alimentaire peut être tant délibéré que non conscientisé. Même si les consommateurs sont conscients du fait qu’il faut réduire le gaspillage, ils considèrent qu’ils y contribuent peu. Ainsi, si 82% des Wallons considèrent comme inacceptable et coûteux de jeter un aliment à la poubelle, ils jettent en moyenne des restes de repas 1,4 fois par semaine et 1 fois par semaine des aliments dont l’emballage a été ouvert. (CRIOC, 2010).
Comment se répartit le gaspillage alimentaire dans le monde ?
Selon les régions du monde, le gaspillage alimentaire se fait à différents niveaux de la chaine alimentaire.
Dans les pays en voie de développement (Afrique subsaharienne, Afrique du Nord, Asie de l’Ouest et Asie centrale, Asie du Sud et du Sud-Est et Amérique latine), le gaspillage alimentaire par habitant se constate surtout au début de la chaine alimentaire, principalement lors de la production en raison d’un manque de techniques de production, de conservation et de transport. Le gaspillage alimentaire au stade de la consommation est bien plus important dans les pays industrialisés : il est ainsi dix fois plus élevé en Europe qu’en Afrique subsaharienne (FAO, 2012, p5).
En Europe et en Amérique du Nord, 250 kg de nourriture (dont la moitié provient de notre consommation) sont gaspillés par an et par personne. De son côté, la FAO chiffre le gaspillage produit par un consommateur européen à 95-115 kg/an. Eurostat le quantifie à 179kg par an par personne tout au long de la chaine alimentaire, soit 89 millions de tonnes à travers l’ensemble de l’Union européenne. Chez nous, l’étape de la consommation gaspille autant que toutes les autres étapes de la chaine alimentaire réunies…En tant que consommateurs, nous avons donc un grand rôle à jouer dans la réduction du gaspillage alimentaire.
Quels sont les aliments les plus gaspillés ?
Les fruits et légumes sont les denrées périssables parmi les plus gaspillées en Europe (ITAS, 2013) et dans les pays industrialisés en général. Ils sont suivis des céréales et de la viande.
Redonner de la valeur à l’alimentation
En moyenne, un Belge jette 1/5 de ce qu’il achète.
Copidec, 2014
Comment est-ce possible ? Je pense qu’il y a là trois problèmes qu’on peut identifier :
- Tout d’abord, d’un point de vue pratique : de mauvaises conditions de conservation, un problème de planification de repas et un manque de connaissances sur la façon d’accommoder les restes et d’utiliser le maximum d’un aliment.
- Le peu de valeur qu’on donne aux aliments (en raison notamment de leur bas prix),
- Un manque de lien entre le producteur et nous (qui induit aussi une perte de sens, on ne se rend pas compte du travail effectué pour produire un aliment).
Il me semble vraiment important d’insister sur le sens, la valeur que l’on donne à cet acte de consommation intime et puissant qu’est l’alimentation. Je suis persuadée qu’essayer de se reconnecter à ce qu’on mange en réduisant par exemple le nombre d’intermédiaires (circuit court) permet de redonner de la valeur aux aliments et de réduire son gaspillage. On ne jette pas ce qu’on respecte, n’est-ce pas ?
Comment faire ?
Par exemple, en essayant de limiter ses achats en supermarché et en testant des alternatives comme des magasins en vrac, La Fourche, des marchés, des Ruches, etc.
En achetant via des sociétés qui œuvrent pour le commerce équitable comme l’eshop gebana qui investit véritablement pour le développement des communautés avec lesquelles il collabore et réduit les intermédiaires tout au long de la chaine de production.
En revoyant ses pratiques de consommation…Un enjeu de taille dont je vous parle prochainement dans un nouvel article ! En effet, je vais bientôt recevoir des bananes de gebana que j’ai précommandées et je vous vous montrer comment on peut utiliser un aliment de A à Z pour éviter tout gaspillage…Et, au fait, si vous aussi vous voulez précommander des bananes, foncez avant le 20/12 pour encore les recevoir cette année.
Les prochaines dates sont en janvier et en février 2022. Les bananes sont livrées encore vertes pour réduire le gaspillage lors du transport et éviter de passer en usine de mûrisserie. A vous de les faire mûrir…une aventure à suivre aussi sur mon compte Instagram !
Article très complet sur le gaspillage alimentaire ! Il y a un facteur non négligeable au niveau des individus: ce que l’on croit savoir sur les aliments. En particulier au niveau des dates de “peremption”. Dans les supermarchés (et même les magasins bios) on jette tout ce qui est à date très courte ou dépassée (point de vue légal ça s’entend). A la maison, beaucoup de foyers jettent constamment quand un yaourt est dépassé d’un jour, même des produits non périssables ! On dirait qu’on va exploser dans l’heure si on mange un aliment passé d’1 ou 2 jours…
On a beaucoup changé notre mode de consommation là dessus, notre magasin bio nous laisse récupérer le “périmé” et on le mange dans la semaine. On garde même les yaourts jusqu’à 3 semaines / 1 mois et les oeufs aussi.
Peut être faut-il rééduquer les gens là dessus ?
Je suis tout à fait d’accord avec toi, d’ailleurs, j’ai publié il y a quelques années, un article sur les dates de péremption. Et je l’ai justement retravaillé et mis à jour pour la semaine prochaine 🙂