Ce week-end, j’ai eu la chance d’assister au festival Nature One à Kastellaun, en Allemagne. C’est toujours intéressant de se rendre à ce genre de festivités dans un autre pays que le sien, histoire de comparer les coutumes. Outre la découverte d’ambiances et de comportements différents, cette escapade m’a donné envie de partager avec vous mon impression d’un autre festival, celui de Dour. J’y avais été révoltée par l’incroyable quantité de déchets générée sur le site en quelques jours. Cela m’a beaucoup moins choqué à Nature One. Cet article vous présente un aperçu de mon expérience “écologique” du festival de Dour. Pour le reste, je vous invite à regarder les photos souvenir mais surtout à découvrir sur place cette ambiance si particulière !
Le festival de Dour s’engage ?
Avant toute chose, je vous préviens… Je vous avais prévu un petit reportage photo mais c’était sans compter les pickpockets et un pogo un peu violent lors du concert de Prodigy. Ils ont eu raison de mon téléphone. La photo de l’article a été prise à Nature One.
En rédigeant cet article, une douce nostalgie m’envahit… car Dour, c’est la musique, la liberté, l’ambiance, les odeurs alléchantes voire écoeurantes des stands, les kilomètres parcourus pour aller d’une scène à l’autre, les drôles de gens, mais c’est aussi…
Des sachets par centaines de milliers
J’ai été vraiment surprise en arrivant au passage des zones de sécurité : on nous remet à chacun un petit sachet en plastique afin d’y ranger notre smartphone et autres appareils électroniques. Passé la zone de sécurité, ces sachets sont directement jetés dans de grands sacs poubelles ou éparpillés sur la pelouse (photo à imaginer). Pour rappel, c’est plus de 200 000 festivaliers qui franchissent la sécurité et ceux qui ne dorment pas sur le site y repassent chaque jour…J’ai demandé à un agent ce qu’ils faisaient de tous ces sachets et il m’a assuré qu’ils étaient réutilisés. Honnêtement je doute fortement. D’autant qu’au terme du festival, ces sachets n’auront quand même aucune seconde vie.
Des gobelets en plastique
A Nature One, vous recevez un gobelet réutilisable contre un ticket boisson. Ce dernier vous est restitué lorsque vous ramenez votre gobelet, canette ou bouteille d’eau. Voilà un bon incitant pour le tri sélectif, et tout simplement générer beaucoup moins de déchets qu’avec des gobelets en plastique. A Dour, point de gobelet réutilisable …Uniquement des gobelets en plastique. Sur son site, dans la section Dour s’engage, le festival explique que les gobelets sont récupérés et transformés par la firme Van Gansewinkel, mais malgré tout, le meilleur déchet est celui qui n’a pas été créé.
Des espaces de recyclage inexistants
Bon ici, j’ai bien rigolé quand, en poursuivant ma lecture des engagements écologiques de Dour, j’apprends l’existence d’une Green Cross. Apparemment, il s’agit de volontaires qui nettoient le site et enseignent les comportements écoresponsables. Je pense qu’ils se fondent bien dans la masse, car je n’en ai vu aucun. Pas plus que de poubelles de tri, si ce n’est à l’entrée du site… Pas très utile, donc !
Des stands de nourriture tout en plastique
Ceci n’est pas propre au festival de Dour, mais cette tendance très à la mode de “street food” me dérange car elle génère énormément de déchets… Je vois que Dour indique dans sa convention 3D que les stands doivent pratiquer le tri et qu’ils sont “incités à être éco responsables” : “Par exemple, la distribution de fourchettes en plastique est interdite – nous encourageons l’utilisation d’une vaisselle biodégradable.” Avant d’inciter l’éco responsabilité, Dour ferait peut-être bien de regarder dans son assiette…
Et je ne vous parle même pas du gaspillage alimentaire ou de la qualité nutritionnelle des plats proposés.
Des goodies, ou plutôt des déchets en devenir
Dans sa convention 3D, Dour indique que “la distribution systématique de flyers, de gadgets est interdite sur le site”. Eh bien c’est faux ! J’ai reçu plusieurs flyers pour d’autres événements et j’ai testé plusieurs stands de goodies dont deux m’ont marqué : le stand Win for Life et le stand Proximus. Au stand Win for Life,on coupe le cordon de votre bracelet et vous recevez un ticket à gratter. Un ticket à gratter Win for Life ? Eh bien non ! Un ticket qui vous indique que vous avez gagné le droit de gratter un ticket Win for Life. Aberrant ! Vous refaites donc la file pour recevoir cette fois un ticket Win for life…Je vous laisse imaginer l’invraisemblable quantité de tickets à gratter qui se retrouve éparpillés autour du stand…Quant au stand Proximus, il n’a rien trouvé de mieux à proposer que des badges emballés individuellement dans un petit plastique…Pas très écologique non plus !
Le manque de civisme des festivaliers
Alors oui, je suis peut-être vieille France, mais moi je ne trouve pas ça normal de jeter tous ses déchets par terre. Certes, ils seront ramassés par une équipe de bénévoles lors du démontage, mais est-ce vraiment une raison pour se comporter de la sorte ? Alors, je m’adresse à toi, festivalier dégoûtant, est-ce que chez toi, ou dans les espaces publics, tu jettes tous tes détritus ? Fais-tu partie de ceux qui ouvrent la portière de leur voiture pour se délester de leurs déchets ? Si oui, passe ton chemin, mais si non, ouvre une brèche de conscience et dis-toi que c’est quand même plus sympa de se rendre à un festival qui ne ressemble pas à un champ de déchets au bout du 2e jour.
Dour s’engage, du pipeau !
En fait, Dour fait preuve d’un grand laxisme écologique. De belles paroles, une convention, une greencross, mais au final un champ de déchets, une consommation massive et déraisonnée, et peu (pas) d’alternatives écologiques. Pourtant des solutions toutes simples pourraient être mises en place ! Au lieu de proposer quelques solutions éparses et superficielles en amont, Dour devrait agir à la source. Prenons simplement l’exemple des gobelets : même si c’est une bonne chose de réutiliser les gobelets en plastique, pourquoi ne pas en distribuer directement des réutilisables, comme à Nature One ?
Dour pourrait même aller plus loin, et adopter la voie de l’éco festival…
L’éco festival, c’est quoi ?
Un éco festival c’est un festival qui s’inscrit dans une démarche de diminution de son empreinte écologique. Il cherche à réduire la quantité de déchets générée (éviter d’en produire à la source) à utiliser des ressources locales, à proposer des produits locaux et/ou bios, à produire de l’électricité de manière raisonnée et par des voies renouvelables. Il propose aux festivaliers des toilettes sèches et met en place un plan de mobilité.
Chez nous, un festival se démarque en matière d’écologie : LaSemo. Le développement durable est au coeur de ce festival. Un exemple à suivre…Pour en savoir plus, je vous invite à découvrir ses engagements pour le respect de l’environnement (tout en bas de la page). Dans la même lignée, le Cabaret Vert fait fort ! Deux festivals à suivre de près.
Croire en l’avenir
Ce manque d’engagement écologique ne m’empêchera pas de retourner à Dour, mais j’espère vraiment qu’en 2017, des actions seront mises en place. Par ailleurs, il a tout à y gagner : réduction des déchets, réduction d’énergie, meilleure image auprès du public et des partenaires, collaboration locale pour la nourriture… sont toutes des actions à plus-value pécunière…
Et vous, avez-vous aussi été surpris par le manque de respect de l’environnement en festival ? Ou au contraire, avez-vous constaté de bonnes pratiques ?
J’ai été au paradise city festival et j’ai été très étonnée de la super organisation de celui ci :
– tri des déchets
– foodtrucks principalement végétariens/bois/locaux
– gobelets réutilisables
– …
Merci pour l’info Caroline ! Je ne connaissais pas du tout le Paradise city festival. Je suis ravie que de plus en plus d’initiatives écocitoyennes émergent 🙂
Lasemo est merveilleux pour ça! C’est nickel par terre, grâce aux bénévoles mais aussi grâce aux festivaliers disciplinés. Toilettes seches, poubelles de tri, gobelets réutilisables,… parfait!
Mais oui ! Et finalement, c’est agréable d’aller dans un festival qui correspond à ses principes !