Beaucoup de questions se posent autour du savon de Marseille : est-il réellement bon pour la santé ? Est-ce qu’il s’agit d’une appellation certifiée ? Tous les savons de Marseille se valent-ils ? En avant pour un petit tour de la question.
Bonne lecture !
Le savon de Marseille, c’est quoi ?
Le savon de Marseille est obtenu par une réaction chimique, appelée la saponification, d’un mélange d’huiles végétales et de soude.
Un véritable savon de Marseille possède impérativement les caractéristiques suivantes :
- il doit être en forme de cube ou de pain, en barre, en copeaux ou en tranche,
- de couleur brun-vert ou blanc-beige,
- porter une empreinte sur ses six faces, (cette caractéristique tend moins à être une obligation)
- il ne peut pas contenir plus de huit ingrédients naturels : sodium olivate (huile d’olive), sodium palmate (huile de palme), sodium cocoate (huile de coco ou coprah), sodium palmkernelate (huile de palmiste), aqua (eau), sodium chloride (le sel), sodium hydroxide (la soude), glycérine.
- il doit être exempt de parfum, colorant, ajouts divers
- il doit être cuit au chaudron
- il doit être fabriqué dans la région de Marseille.
La charte relative à la dénomination du savon de Marseille a été établie par l’UPSM (Union des Professionnels du Savon de Marseille). L’Union regroupe les 4 dernières savonneries fabriquant le véritable savon de Marseille : la Savonnerie FER A CHEVAL, la savonnerie LE SERAIL, la savonnerie du MIDI et la savonnerie MARIUS FABRE.
Ma sélection de savons de Marseille
Sur le site web de Mademoiselle Bio, vous pouvez trouver plusieurs savons de Marseille Rampal Latour.
Et chez Nuoobox, l’un de mes eshops favoris, il y a également des savons de Marseille pur olive de l’excellente marque Gaiia. Vous pouvez d’ailleurs profiter d’une promo 5€ de remise dès 65€ d’achat avec le code LITTLEGREEN5.
Les atouts du savon de Marseille
Le savon de Marseille est réputé pour son haut pouvoir nettoyant : surtout pour les mains et le visage. On peut également l’utiliser comme produit de ménage ou de lessive. Il a pour avantages d’être non allergène, antibactérien et antimite.
Tous les savons de Marseille sont-ils fabriqués à Marseille ?
Eh bien…Non ! Sauf les vrais…
Le savon de Marseille porte son nom car c’est là qu’il a été fabriqué pour la première fois, inspiré par le salon d’Alep syrien, suivant une méthode dite marseillaise. Il ne s’agit nullement d’une appellation contrôlée…Ce qui a des conséquences néfastes puisque les contrefaçons pullulent sur le marché.
Si un savon veut se prétendre savon de Marseille traditionnel, il doit suivre un mode de fabrication institué dans une réglementation datant du 5 octobre 1688 : « On ne pourra se servir dans la fabrique de savon, avec la barrille, soude ou cendre, d’aucune graisse, beurre ni autres matières ; mais seulement des huiles d’olives pures, et sans mélange de graisse, sous peine de confiscation des marchandises ». Il doit aussi obligatoirement contenir au minimum 72% de matière grasse. Seulement quatre savonneries marseillaises continuent à fabriquer du savon de cette manière.
Le savon de Marseille : une véritable industrie
De manière industrielle, les composés du savon de Marseille évoluent quelque peu : on ne parle plus d’huile d’olive mais d’huile de coprah ou de palme et pour une contenance de 63% seulement. Les additifs, colorants et parfums abondent. Ils sont bien entendu polluants : peu biodégradables et toxiques pour la santé et l’environnement.
Néanmoins, les additifs, colorants et parfums sont limités dans le savon de Marseille dit « brut » (directive CE 76/768). Cette réglementation reste très large et la majorité des savons de Marseille sont fabriqués en Turquie et en Chine.
Le véritable savon de Marseille doit être préparé avec de l’huile d’olive uniquement. La charte de l’Union autorise aussi l’huile de palme et de coco mais on s’éloigne alors de la définition de base de 1688.
Deux couleurs pour deux usages
- Le savon vert est fabriqué à partir d’huile d’olive et de coprah, ou d’huile d’olive et d’huile de coprah-palme. C’est sa forte concentration en huile d’olive qui lui donne sa couleur verte. Ce savon est recommandé pour se laver le visage, les cheveux ou le corps.
- Le savon blanc est fabriqué à partir d’huile de palme (extraite du fruit de palmier à huile) et d’huile de coprah (extraite de la noix de coco). Ce savon est traditionnellement utilisé pour le lavage du linge.
L’exemple du savon de Marseille Blan
Les copaux de savons de Marseille de la marque Blan se présentent comme écologiques et polyvalents. Que se cache-t-il véritablement dans ses ingrédients ?
Voici la composition telle qu’elle est indiquée sur le produit :
savon (85%), agent séquestrant (<5%), glycérine (1%), phosphates (0,6%)
INCI: sodium tallowate, sodium cocoate, aqua, sodium chloride, sodium hydroxide, tetrasodium edta
Analyse nomenclature INCI
(qui a ses limites puisqu’elle n’indique pas la quantité exacte des produits ni leur origine)
- Le tallowate de sodium est un composé réalisé à base de graisse animale (ici du boeuf). Assez étonnant d’appeler ce savon “savon de Marseille” puisqu’à l’origine seule des huiles végétales sont prescrites.
- Le sodium cocoate : Il s’agit de l’huile de coprah. Agent émulsifiant et nettoyant.
- Le sodium chloride ou chlorure de sodium: c’est le sel de cuisine NaCl par lequel on sépare la soude en excès du savon et les impuretés.
- L’hydroxyde de sodium : C’est la soude, nécessaire pour fabriquer du savon. C’est un irritant oculaire et cutané qui peut provoquer de graves brûlures s’il dépasse certaines proportions et comme ici, la proportion n’est pas indiquée, difficile de savoir quelle précautions prendre… Attention surtout à vos yeux, si vous l’utilisez en shampoing (ce que je déconseillerais).
- Le tetrasodium edta est un agent séquestrant du calcium, composé du calcaire. (ah il est donc là ce fameux “agent séquestrant (>5%) dont on parle)). Il s’agit d’un composé qui se fixe dans l’organisme et n’est pas biodégradable. Il se retrouve, fixé aux métaux lourds, dans nos eaux de rivières et réagit sous l’action de la lumière en se dégradant en substances dont on ne connait pas l’impact environnemental. Cette eau de rivière chargée de métaux lourds et d’EDTA se retrouve tôt ou tard dans nos verres d’eau, pas joli joli d’autant qu’il est facilement substituable par des composés naturels.
Cette étiquette est assez mal faite car elle est peu lisible pour le profane. D’un côté, la nomenclature INCI et de l’autre des terminologies peu compréhensibles. Les quantités ne sont pas indiquées ni l’origine des produits.
Vive le greenwashing !
La présence de phosphates (agent anticalcaire) n’est jamais un bon indicateur écologique puisqu’ils sont polluants et dangereux pour la santé. Au Québec, le gouvernement interdit la mise en vente de détergents vaisselle dont la concentration en phosphates dépasse 0,5%. La présence de 0,6% de phosphates dans ce produit qui se présente comme écologique et “adapté pour les peaux de bébé” (!) a de quoi faire peur !
Ce qui est certain, c’est que le savon de Marseille Blan est loin d’être un produit écologique et s’apparente clairement à du greenwashing !
Comment choisir ?
Vous l’aurez compris, le savon de Marseille n’a généralement de Marseille que le nom. Ses merveilleuses qualités sont souvent entachées de produits polluants dont on se passerait bien.
Procurez-vous du savon de Marseille traditionnel exclusivement, dans les magasins bios traditionnels (tout en étant attentifs à la composition), dans les quatre savonneries fabriquant le véritable savon de Marseille, chez Mademoiselle Bio, Nuoobox ou sur le site web Alepia.
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